Les Oxenberg & les Bernstein

Cătălin Mihuleac

Les Éditions Noir sur Blanc

  • Conseillé par
    26 janvier 2021

    1939-1945, Roumanie

    Nous suivons la famille de Jacques Oxenberg qui n’échappe pas au pogrom du 27 juin 1941 dans la petite ville roumaine de Iasi. Ce furent des pages difficiles à lire.

    Chaque chapitre alterne avec le récit de l’arrivée de Suzy dans la famille Bernstein depuis sa Roumanie natale. Elle se marie avec l’un des fils, Ben, et est chargé de développer le commerce avec son pays d’origine. Mais sa belle-mère Dora reste une énigme.

    Heureusement, son beau-père Joe se prend d’amitié pour Suzy et lui raconte parfois ses souvenirs.

    L’histoire de Suzy adopte un ton décalé parfois drôle. Grâce à elle, le commerce des vêtements de seconde main, pardon il faut dire vintage, n’a plus de secret pour nous.

    Les chapitres sur la famille Oxenberg sont plus dramatiques. Et même si j’ai fini par me douter de l’identité de la belle-mère Dora, j’ai lu ce roman jusqu’au bout, qui révèle encore des surprises jusqu’à la dernière ligne.

    J’ai parfois été gêné dans ma lecture par le ton antisémite de l’époque et par la volonté de Suzy de trouver des Juifs de talent partout. C’était trop vouloir ramener chaque grand homme à sa religion.

    J’ai aimé les leitmotiv de la narration : les canards jaunes au bec orange de Golda – l’importance des talons de chaussures où certains cachent leur trésor – les machines à coudre Singer (prononcer à l’allemande comme un chanteur) – l’importance de la story pour vendre tout et n’importe quoi.

    Deux familles qui me resteront longtemps en mémoire.

    Quelques citations :

    Pour ouvrir une boutique de nos jours, tu dois connaître par coeur les histoires d’antioxydants. Les histoires d’antioxydants se vendent bien. Le vin rouge, le thé roïbos, les condiments, n’importe quoi. C’est comme ça que tu vendras n’importe quelle connerie. p.150

    On ne peut pas emmener son pays à la semelle de ses chaussures. Mais il reste toujours quelque chose dans le talon. (p.292)

    L’image que je retiendrai :

    Celle des corps nus qui jonchent les rues de la ville, et que voit Golda qui deviendra une excellente couturière.

    https://alexmotamots.fr/les-oxenberg-les-bernstein-catalin-mihuleac/


  • Conseillé par
    7 mars 2020

    Un livre fort et fort bien écrit!

    L' ayant déjà lu en roumain, j'aimerais recommander et donner mon avis sur ce livre que j'ai trouvé fascinant! Une fois commencée la lecture de ce roman on a du mal à l'abandonner. C'est une fiction mais s'appuyant sur des événements réels de l'histoire des Juifs en Roumanie pendant la deuxième Guerre Mondiale. Des personnages très attachants, présentés avec finesse psychologique. Un suspens qui croît graduellement vers un final vibrant de mystère! Tout cela présenté avec un art de manier la plume où brille le talent pour l' écriture de Cătălin Mihuleac: un style vif, un ton d'ironie fine ou de tendre dérision persifleuse, débordant d' humour savoureux mais ne manquant pas d'une musicalité souterraine et d'une poésie intrinsèque des phrases. La fin du livre apporte un message d'acceptation et de tolérance entre les humains fort et plein de sensibilité. C' est un livre qui hante le lecteur longtemps après avoir lu la dernière page.