Comme si de rien n'était, Roman

Alina Nelega

Éditions des femmes-Antoinette Fouque

  • Conseillé par
    6 mai 2021

    Roman très dense dont il se dit qu'il a profondément marqué les habitudes littéraires roumaines, d'abord par le sujet principal, l'homosexualité féminine, très peu abordé auparavant et ensuite parce qu'il est situé dans une époque difficile, la fin du régime dictatorial des Ceausescu. Je suis sans doute passé un peu à côté de ce texte profond et très dense, pourtant fort bien écrit -et donc traduit- qui pourrait passer au départ pour un roman de la découverte de sa sexualité pour la narratrice, mais qui, doucement et sûrement creuse à la fois ce thème -l'homosexualité est punie moralement certes, mais aussi pénalement- et celui du pouvoir autoritaire, de la police politique, de la corruption...

    L'écriture est moderne, vive, fluide et fine, parfois ironique, oralisée, familière. Elle colle à Cristina et à son histoire. Voici les premières lignes : "Fin d'année scolaire, la terminale, le bac est tout proche, on va au lycée les après-midi, les cours sont affreusement barbants, surtout le dernier, l'éducation civique -qui a lieu aujourd'hui en présence d'un invité officiel, un camarade inspecteur venu tout exprès nous parler orientation professionnelle. Le matin, l'école est réservée exclusivement aux élèves les plus jeunes, ceux de terminale, eux, ils sont assez grands pour rentrer le soir à la maison. Et ça ne leur déplaît pas vraiment de se retrouver seuls dans tout le lycée ; avec deux autres terminales, les classes "parallèles", avec la vieille bâtisse en pierre rien que pour eux. Il y a davantage de mystère l'aprèm, et puis il fait moins froid, on n'est plus obligé de garder ses gants pour prendre des notes, à présent il fait même doux, dehors, une pluie se prépare, son odeur pénètre par les fenêtres entrouvertes et on a comme une sensation de clandestinité, il y a moins de brouhaha dans les couloirs, moins de profs dans l'école, on peut fumer tranquilles dans les toilettes, et si tout le monde est impatient d'arriver en terminale c'est pour pouvoir faire la grasse mat'." (p.13)