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    17 avril 2013

    Voilà un récit intéressant, intelligemment construit et, ce qui ne gâte rien, très bien écrit.
    L’auteur profite du trajet effectué en avion pour rappeler le parcours d’Anne avant son arrivée en Amazonie. Puis il croise habilement le compte-rendu chronologique de son périple et les conversations qu’il a avec sa sœur (venue le récupérer à l’aéroport de Manaus) au cours de celui-ci. Il combine les réponses données à ses nombreuses questions (réponses ponctuées d’expressions québécoises, car son séjour là-bas a laissé quelques traces linguistiques chez Anne), à des extraits de lettres qu’elle a adressées à sa famille tout au long des années vécues au milieu des Yanomani.

    Ce n’est qu’au bout de 160 pages qu’on arrive réellement chez eux, mais en réalité on a déjà passé beaucoup de temps en leur compagnie, grâce à ces retours en arrière et aux réflexions qu’ils suscitent. Quant aux six jours sur place, ils n’occupent que 50 pages mais le lecteur n’en est pas frustré pour autant : ce quotidien tranquille ne se prête guère à une description plus longue et l’auteur ne cherche pas à délayer.

    Pierre Ballester restitue à la perfection les ambiances et les sensations (de touffeur moite, surtout !). Il nous embarque dans un voyage dont la durée (9 jours ½ à l’aller) semble voulue par Anne (le retour s’effectuera en 4 jours), comme s’il fallait que son frère prenne le temps, au fil de ce long parcours en bateau ponctué d’escales diverses, de s’immerger dans un monde qui n’est pas le sien. Il raconte en toute simplicité et nous fait partager non seulement ce qu’il voit mais ce qu’il ressent, c’est ce qui donne toute sa valeur à ce reportage-témoignage. Et, avec lui, nous nous interrogeons sur ce que notre civilisation représente : car si elle fascine les Yanomani, nous savons, nous, quels sont les corollaires du « progrès » que nous apportons …

    Une belle découverte !