Dualed

Elsie Chapman

Lumen

  • Une dystopie intéressante malgré une fin contrariante

    Dans un futur plus ou moins proche, le monde s’est transformé. En résulte Kersh, une cité fortifiée, et l’Extérieur, menaçant, dangereux… Pour se défendre et résister à cet Extérieur, le conseil qui dirige Kersh a mis en place un système un peu particulier, d’une cruauté et d’une violence extrêmes. En effet, les jeunes de 10 à 20 ans doivent éliminer leur jumeau génétiquement modifié. Pour cela, ils ont trente jours, passé ce délai, ils meurent tous les deux. Ce système permet au conseil de sélectionner les meilleurs et de se constituer une armée puisque tous les adultes ont montré leur valeur et sont donc capables de se battre en cas d’invasion. À Kersh, seuls les plus forts ont leur place et tant que la mission n’a pas été réalisée les jeunes sont inaccomplis et considérés comme des déchets, des personnes inutiles. Il faut prouver sa valeur et montrer sa force pour trouver une place dans cette société.

    West a le malheur de vivre dans cette société et son tour est proche. Elle peut être activée à n’importe quel moment. Elle s’y est préparée mais voilà qu’elle se met à douter de tout et surtout d’elle-même… Cela la pousse dans une fuite en avant, elle ne veut pas voir les choses en face et préfère les éviter autant que possible. Cette jeune fille, l’héroïne, ne m’a pas fait grande impression… peut-être est-ce parce que je l’ai trouvée incohérente avec elle-même, un peu bipolaire et trop indécise. Après, c’est vrai qu’il est facile de lui faire des reproches… comment savoir quelle serait notre réaction si on était à sa place ?!

    Heureusement Chord, un ami d’enfance, est là. Ce n’est pas vraiment un personnage principal, bien qu’il soit très présent. Pourtant, c’est celui que j’ai préféré. Il est d’une gentillesse extrême, d’une détermination sans faille et il est très attentionné.

    Ce livre pose très habilement la question d’un monde basé sur le mérite à l’extrême, sur la loi du plus fort. En effet, c’est ainsi que Kersh fonctionne : seuls ceux qui le méritent, les plus forts, ont le droit de vivre, ont le droit à un avenir… Et l’auteur nous en montre les dérives, les dysfonctionnements et l’absurdité d’une telle situation. Ce livre pousse donc à la réflexion, et j’ai beaucoup aimé cela.

    Par contre, je suis encore indécise vis-à-vis de la fin. Tout d’abord, parce qu’il est difficile d’imaginer le contenu du tome 2 : l’aventure semble terminée (ce qui est très bien : pas de cliffhanger et de frustration insoutenables)… Mais surtout parce qu’Elsie Chapman ne suit pas le schéma habituel que l’on retrouve dans les dystopies. Ce qui est positif et négatif en même temps. C’est positif car cela change de ce qu’on peut lire par ailleurs, c’est original et innovant, cela pousse à la réflexion. Mais c’est négatif car cela diverge totalement de ce à quoi je m’attendais… c’est désappointant.

    En conclusion, un roman que j’ai pris grand plaisir à lire. Ce roman pose de vraies questions et pousse à réfléchir sur notre monde et ce qu’il pourrait être. Malheureusement, je n’ai pas trop aimé l’héroïne et la fin me laisse indécise. Cela ne m’empêchera pas de me jeter sur le deuxième tome. En effet, j’ai hâte de savoir ce que nous réserve l’auteur dans la suite !