Le Roman du Figaro

Invectives, cliquetis d'épées, chroniques incendiaires, assassinats, emprisonnements, l'histoire du Figaro est une pièce de théâtre à rebondissements. Littéraire épris de liberté, Le Figaro a attiré, de 1826 à aujourd'hui, les plus grandes plumes de son époque. Vallès y tint la rubrique boursière, Rochefort y fit trembler l'Empire. Sous la IIIe République, il accueille les signatures de Zola, Maupassant, Léon Daudet, Barrès, Loti. Leurs opinions claquent comme des fouets. Il y a des brouilles, des réconciliations. De la passion. L'esprit souffle ; il n'est pas toujours saint. Le quotidien s'engage dans l'affaire Dreyfus ; son directeur, Gaston Calmette, est assassiné dans son bureau. Marcel Proust signe en première page. Dans les années 20, un parfumeur célèbre, François Coty, l'embrigade. Période sombre. Le soleil revient avec Pierre Brisson. Morand, Montherlant, Cocteau, Colette, Claudel, Mauriac, Drieu la Rochelle, Maurois, Fargue, Gide, Valéry, Le Figaro redevient un club d'écrivains. Sabordé en 1942, il renaît à la Libération. Mauriac et Aron trônent au balcon ; Sartre passe en coup de vent. Conservateur, le quotidien du rond-point des Champs-Élysées ? Oui, de l'esprit français. Engagé avec ardeur dans la lutte contre le communisme, déchiré par la décolonisation, il se bat pour garder son indépendance. Après Jean Prouvost, Robert Hersant monte à l'assaut. Le journal se modernise. Jean d'Ormesson en tête, les académiciens s'y bousculent. A la fin des années 70, le Figaro Magazine, de Louis Pauwels, renoue avec l'odeur du soufre. Le Roman du Figaro, c'est deux siècles d'Histoire au galop. Un récit aussi palpitant qu'un roman d'Alexandre Dumas.