Temps de livres

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Créée en 2009, cette entreprise propose des interventions et des formations sur la bande dessinée et les littératures de l'imaginaire. Sur le blog, retrouvez notre actualité, ainsi que des chroniques et des rencontres d'auteurs.

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16 juillet 2013

Hilarant !

Au Royaume, tout est calme, trop calme. Des vols sont bientôt commis par des ombres. Comme il ne reste plus beaucoup de gardes, la population n'a d'autre choix que de s'armer. Dagues et épées se vendent très bien, au détriment de l'ambiance, qui tourne à l'aigre...

Dans la série Le Royaume, je voudrais le tome 5. On retrouve avec plaisir les personnages de Benoît Feroumont. Ici, il insère un peu plus de réalité avec ce marchand d'armes qui décide de faire fructifier son commerce. Comme rien ne se passe comme prévu, la situation tourne au rocambolesque. Coup d'état, mariage, évasion, chantage, rien ne sera épargné au lecteur (pour son plus grand plaisir). Malgré un thème sombre (la vente d'armes), l'auteur arrive à nous faire rire par son humour décalé et ses dialogues ciselés. Cette réussite incombe à tous les personnages de cette charmante série.

Sous ses airs de conte de fée, ce petit monde est gentiment égratigné et personne n'y échappe. De François, le courageux forgeron, mais amoureux maladroit en passant par le roi (passablement ivrogne), l'auteur plonge ses personnages dans des situations risibles, mais dont ils sortent toujours avec le sourire (quelquefois jaune...).
Le trait rond, le visage expressif, le graphisme ne manque pas d'attirer l'oeil. Toujours en animation, les personnages ne sont jamais statiques. Quant à Christelle Coopman, ses couleurs sont toujours aussi chatoyantes. De la livrée de la garde royale aux ombres portées, en passant par le soleil couchant, ses touches de couleurs sont un régal.
Si la série compte un cinquième tome, le nouveau lecteur pourra le lire. C'est aussi l'autre force du Royaume. Un nouveau tome comporte son lot d'intrigues, mais les personnages principaux sont dévoilés au fil de la lecture. Ainsi chaque tome peut se lire indépendamment du reste.

L'univers de Benoît est un conte, et son "il était une fois" continue de nous charmer.

17,25
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3 février 2013

Une relecture hommage à un personnage/interprète : émouvant

Johnny Jungle a été élevé dans la jungle avec son frère de liane Kinka. Il était le seigneur de ces contrées mystérieuses. Puis un jour, Jane arriva. Johnny découvrit l'âge adulte et ses sentiments. Pour la suivre, il partit à la découverte d'Hollywood. Une autre jungle l'attendait.


Pastiche ? Parodie ? Hommage ? A la lecture de ce premier tome de Johnny Jungle, j'hésite à mettre un mot dessus. Si le récit détourne de façon habile la saga de Tarzan en la mariant avec la vie de Johnny Weismuller, si le héros est naïf, on ressent tout l'amour du/des personnage(s).

Jean-Christophe Deveney imagine que le personnage crée par Edgar Rice Burroughs et son plus célèbre interprète ne font qu'un . A travers les yeux de ce « sauvage », il nous montre le parcours d'un homme qui essaie de s'intégrer à la civilisation tout en essayant de rester lui-même. Tous les défauts du milieu sont dénoncés, mais le scénariste les fait passer en douceur, avec une bonne dose de rire. Magnifiquement raconté, cette première partie est un véritable délice.

Dans la famille Jouvray, je désire Anne-Claire et Jérome. Si le trio de Lincoln n'est pas complet (Quoique Olivier Jouvray a servi de modèle pour les bras de Johnny Jungle), on en ressent toute la fougue et le talent. Un trait souple, semi-réaliste pourront convaincre le lectorat. C'est bien mal connaître ces auteurs. Des cases qui représentent New-york vu du ciel, d'autres la jungle luxuriante ou le pont de Brooklyn recouvert de végétation. Les vues sont superbes. Le rendu des couleurs se marrie bien et donne un ton exotique. Quant aux affiches représentant les différents films de Johnny Jungle/Tarzan, elles sont bien imitées et intégrées au style de la bande dessinée.

Voilà une excellente bande dessinée. S'adressant au public le plus large possible, il détourne l'image de Tarzan/Johnny Weismuller pour n'en faire qu'un seul et même personnage. Au-delà de la parodie-hommage, il montre aussi les vices de notre prétendue civilisation. Quelle est la meilleure arme si ce n'est le rire ?

JOHNNY JUNGLE T1

AUTEUR : JEAN-CHRISTOPHE DEVENEY

DESSINATEUR : JEROME JOUVRAY

COLORISTE : ANNE-CLAIRE JOUVRAY

COLLECTION : 1000 FEUILLES

EDITIONS : GLENAT

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24 août 2012

Un essai sur la vie sexuelle

D'avril 2005 à juin 2006, plusieurs super-héros reçoivent cette lettre anonyme :"Adieu cher " suivi du nom de la personne. Menaces ? Blague d'étudiant ? Toujours est-il que les lettres ne sont adressées qu'aux vieux super-héros, ceux à la retraite : Batman, Mister Fantastic, Mystique. Dennis De Villa, inspecteur de police mène l'enquête.

La vie sexuelle des super-héros. Avec un tel titre, on ne pouvait aller que dans deux directions : la gaudriole ou l'essai philosophique. Bien qu'écrit comme un roman, Marco Mancassola nous livre une réflexion sur la post-célébrité de ses êtres à part. Il a eu la bonne idée de rassembler les deux univers les plus connus : DC et Marvel. S'il ny a pas vraiment d'interrogation sur la vie sexuelle, il est plutôt question de gérer la vie après avoir été une personnalité. Quant au titre, il fait référence au livre écrit par Joseph Szepanski, le médecin des super-héros . Tout au long du livre, il demande à ses patients si leu vie sexuelle se passe bien. En effet, selon lui : " Votre corps est allé trop loin, il ne peut plus éprouver de désir humain... Vous ne faites pas l'amour pour le plaisir, mais parce que vous êtes terrifiés à l'idée de ne posséder personne".
La partie consacrée à Red Richards "Mister Fantastic" démontre cette pensée. L'ex super-héros, scientifique reconnu, est une personnalité de la NASA. Comme à son habitude, il réfléchit à plusieurs choses en même temps, mais quand il est question de séduction, il est perdu. Divorcé de sa femme, jaloux de son fils "le fils préféré de l'Amérique", il se "perd" dans son travail. Marco Mancassola livre une vision inédite du personnage. Comme si en vieillissant, il avait besoin d'être aimé et reconnu.
Bruce Wayne, lui, est resté un homme des médias. Après l'assassinat de Robin, il renonça à son combat, révéla son identité. Avec l'âge, ses psychoses ont déviées. Il recherche la perfection dans son corps et autour de lui. On apprendra aussi comment sa relation avec Robin a évolué. Dans cette partie, l'homme a une façon particulière de faire l'amour. Entre auto-satisfaction et TOC de la propreté. Quant à Mystique, son pouvoir étant de changer d'apparence, elle peut se métamorphoser en une personne d'un autre sexe. Si sa préférence va aux hommes, son don lui pose quelques questions.

Une réflexion pas inintéressante sur les super-héros, mais après la gloire plutôt qu'une vision restrictive sur le sexe. La vision de Batman reste assez hallucinante mais proche de la vérité. Le reste n'est que l'avis de Marco Mancassola. Un livre distrayant qu'on peut lire aussi pour le titre, histoire que choquer l'auditoire.

Filles du Vaudou

1

Glénat BD

14,50
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25 mai 2012

Deux héroïnes intrépides !

William, jeune scientifique, arrive en Afrique. A la différence de ses contemporains, il pense que les indigènes ont une culture riche, que nous pouvons apprendre d'eux. Son arrivée le pose comme celui qui va mettre le feu aux poudres.
En effet, Perle et Blanche sont deux jeunes femmes qui font la justice. Elles la manient par l'épée mais aussi par leurs langues agiles. En face, le gouverneur et son âme damnée, Anton. Si l'un est flegmatique, cynique, et ne pense qu'aux produits anglais, l'autre est plus terre à terre. L'esclavagisme rapporte de l'argent, mais Perle et Blanche font perdre des bénéfices. Il faut mettre fin à leurs exactions, et récupérer des esclaves, coûte que coûte.

Perle blanche aurait pu être un tome d'introduction efficace, sans plus. Mais Sébastien Floc'h manie la plume, comme ses héroïnes manient l'épée : Avec talent. Du début à la fin vous découvrirez des personnages tortueux, qui ont quelque chose à cacher. L'écriture est très dense pour un premier volume, mais la fluidité de l'action, les dialogues ciselés feront défiler les pages. Nous abordons l'esclavage sans s'alourdir dessus, nous côtoyons le Vaudou comme quelque chose de quotidien.
Le dessin n'est pas en reste. Laurence Baldetti a su affiner ses crayons pour mettre en images cette histoire. un dessin minutieux qui dévoile les courbes de nos héroïnes, met en valeurs les "gueules" du gouvernement. Les bâtiments européens semblent lourds face à la nature sauvage et mystérieuse de l'Afrique

Ces deux artistes nous font voyager dans un univers coloré, mais ils nous font réfléchir aussi aux conditions des esclaves, des européens qui s'embarquaient pour de lointaines contrées.
Je ne regrette qu'une chose, ne pas avoir le second tome entre les mains.

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25 mai 2012

Sympathique livre illustré

Benjamin et Solène sont cousins. Ils passent leurs vacances à côté de la forêt de Brocéliande. Cette forêt légendaire, ils la découvrent en cheval. Benjamin apprend les rudiments de l'équitation non sans mal, mais il fait aussi la connaissance de Gaëdig, la vieille jument. Pourquoi est-elle à l'écart des autres chevaux ? Pourquoi le moniteur ne veut pas que Benjamin aille la voir ? Curieux, les deux cousins vont essayer d'en savoir plus.

Les korrigans d'Elidwenn est une série qui raconte les aventures de deux cousins, Solène et Benjamin. A chaque tome, une race de korrigan est découverte. Les korrigans sont des créatures légendaires du folklore breton. On peut les assimiler au lutin français.

Hélène Cornen nous raconte plusieurs histoires dans ce livre. Elle évoque plusieurs mystères de la forêt de Brocéliande, haut lieu de la mythologie arthurienne, sans tous les dévoiler. On se plait à vouloir y retourner. Elle montre le difficile mais captivant apprentissage de l'équitation, où l'enfant fait corps avec le cheval. Ici, les chevaux ne sont pas traités comme des animauw, mais comme des personnages à part entières. Le monde des korrigans est montré, mais comme il est écrit, il fait parti du monde des invisibles. Tout le monde ne peut pas percevoir le petit peuple.
François Plisson accompagne le texte d'illustrations qui combleront petits et grands. A chaque page, un dessin accentue le récit, pour nous aider à l'imaginer.

Un livre où petits et grands trouveront leurs comptes.