Temps de livres

http://tempsdelivresdotcom.wordpress.com/

Créée en 2009, cette entreprise propose des interventions et des formations sur la bande dessinée et les littératures de l'imaginaire. Sur le blog, retrouvez notre actualité, ainsi que des chroniques et des rencontres d'auteurs.

Conseillé par
14 avril 2012

Un deuxième tome fascinant, avec quelques surprises !

Michael Petersen est contre toute attente vivant, même si plongé dans un coma profond. Avec une partie de l'équipe scientifique, il est rapatrié de toute urgence. De son côté, obéissant au Comité, Julius s'efforce de maintenir Michael dans une vie de profane, avec l'illusion d'une vie de famille parfaite. Malgré cela, plusieurs évènements vont changer la donne. Des meurtres inexpliqués surviennent dans l'entourage du zoologiste, et le FBI, en la personne d'Andrew Leon, commence à mener son enquête.

Si le premier tome de Léviathan flirtait avec le fantastique, ce deuxième livre nous y fait entrer de plain pied. Lionel Davoust continue d'explorer l'univers de Michael et lui fait subir mille tourments pour notre plus grand bonheur. Dans ce tome, le monde de notre "héros" éclate. Depuis son accident en Antarticque, le "jeu" du Comité se brouille et les alliés d'hier s'affrontent. Un récit dense où conspiration, chamanisme et action dantesque se confondent.

Un récit qui se divise en deux parties : Le rêve de Michael puis son réveil. Cette première partie est moins facile d'accès au profane puisqu'on y parle des rêves et du voyage intérieur du scientifique, alors dans le coma. Il est néanmoins indispensable à la compréhension générale du tome puis de la série. Le tempo de la deuxième partie est plus soutenu. L'auteur nous entraîne dans un chassé-croisé des plus jouissifs. Au vu des évènements, chaque personnage s'interroge sur sa destinée. Veulent-ils rester maîtres du destin (Voie de la main gauche) ou rentrer dans le rang (voie de la main droite). Habilement, Lionel Davoust sème des bribes de réponses qui font écho à notre propre questionnement.
Si certaines actions sont dantesques (combat à l'épée, formulation de l'accomodat), elles ne seraient rien sans des personnages à la hauteur. Avec une imagination débordante, Lionel Davoust construit des protagonistes haut en couleur. Du mage Julius, dont la morgue est à la hauteur de son mode de vie grandiloquent, à Michael Petersen en dormeur prêt à se réveiller, tous ont des caractères particuliers dont la face cachée est prête à surgir. Un autre visage qui surprendra plus d'un lecteur.

Avec ce deuxième tome, Lionel Davoust montre qu'il a bien compris son sujet : écrire un roman en trois parties. Comme pour le premier tome, il applique les règles pour mieux les détourner. On retrouve les bases du thriller, de l'ésotérisme, le complot à grande échelle, la recherche d'identité... Lionel écrit tout celà en ajoutant quelques éléments de son cru. Des éléments surprenants, voire incongru, qui s'ajoutent au récit et donnent à cette cuvée nocturne un goût original. A savourer tranquillement en attendant le troisième tome. Ca va être dur, l'addiction gagne du terrain.

Conseillé par
9 mars 2012

Quand polar rime avec fantastique

Randi Wade est détective. Quand son ami Willie l'appelle à l'aide pour résoudre un meurtre, elle accepte. Un meurtre violent qui en rappelle d'autres, commis il y a près de vingt ans. Malgré eux, Willie et Randi sont mêlés à ces affaires. Mais c'est dans le passé qu'il faut chercher la solution.

Skin trade est un court roman datant de 1989. L'auteur y mélange roman policier et récit fantastique. C'est aussi un roman où l'environnement de l'histoire à son importance. Ici, c'est une ville anonyme. Une ville qui a connu une certaine prospérité il y a longtemps. Aujourd'hui ce n'est que rouille et désolation. On n'est jamais à l'aise dans cette ambiance glauque et humide. Le centre-ville n'est plus ce qu'il était, les centres commerciaux ont déménagé et ceux qui en ont les moyens habitent sur les hauteurs. C'est dans ce chaos urbain que Willie Flambeaux et Randi Wade vivent. Lui est un agent de recouvrement à la santé précaire, elle est une détective qui essaye d'oublier le meurtre de son père. Un meurtre non résolu qui fut attribué à une sorte de bête. Des personnages à vif, blessés, mais qui restent dans cette ville, comme s'ils n'avaient plus d'avenir.


Dans cette histoire, on reconnaitra sans peine les codes du polar : deux héros, une ville à bout de souffle, des secrets de famille, une enquête douloureuse. Avec beaucoup de talent, l'auteur conte un récit où l'atmosphère et l'enquête priment sur les effets fantastiques. Et le surnaturel ? Il est présent, mais en second plan. C'est l'épice qui va faire de cette enquête une urban-fantasy. Là où on pourrait s'attendre à une déferlante de poils, de crocs et de pleine lune, George R.R. Martin laisse de côté le folklore lycanthropique. Si les loups-garous sont bien présents, s'ils sont puissants, l'auteur les dépeint d'une façon originale et juste. Un dossier et une préface complètent habilement ce nouveau livre des éditions ActuSF.

Skin Trade est une petite perle d'enquête où le fantastique montre le bout de son museau. Magnifiquement raconté, le lecteur sera happé dès les premières lignes dans cette ville glauque où les meurtres se succèdent. Pour ceux qui crient au génie pour Le trône de fer, Skin Trade est une nouvelle facette de George R.R. Martin. A découvrir absolument.

http://temps-de-livres.over-blog.com/article-skin-trade-101048820.html

Conseillé par
9 mars 2012

Simple et émouvant.

Léonid Miller a décidé très tôt d'être indépendant vis-à-vis de la société. Il ne se mêle pas aux autres ou juste pour sa passion : le cinéma. Mais un soir, il devient invisible, intangible. Il disparaît.

Voilà une bande dessinée qui raconte un mal contemporain, la solitude, mais pris sous un autre angle. Si l'on choisit d'être solitaire, de n'avoir aucun contact, c'est désormais possible avec la technologie d'aujourd'hui. C'est ce qui permet à Léonid de vivre, en se mêlant à la société le moins possible. S'il aime aller au cinéma, s'il trouve "Que les personnages de fiction avaient une présence bien plus dense et plus profonde que celle de la plupart des gens", il n'est pas acteur de sa propre vie. Avec peu d'effets, l'auteur montre comment son personnage se détache de la réalité, jusqu'à ne plus exister. Lui qui n'éprouvait pas le besoin d'autrui est désormais embêté : comment satisfaire ses besoins, qu'ils soient nécessaires ou pas, si on n'existe pas ? Raconté simplement, sans fioriture, Cyril Bonin nous invite à découvrir cet homme, qui va devoir malgré lui, devenir acteur de sa propre vie. Quant au deuxième acte, il raconte la rencontre entre cet homme et une femme, une actrice. Un récit fantastique où l'imaginaire de la situation se mêle au quotidien.

Le graphisme choisi colle magnifiquement au récit. Une ligne simple et réaliste, élégante. Raccord avec le scénario, les plans choisis permettent une "ballade". On découvre cet homme, on se promène avec lui, on fait la rencontre. Aucune précipitation, une fluidité magistrale, un rythme maîtrisé de bout en bout. "L'effet" pour montrer l'aspect de Léonid Miller est bien choisi. Alors que le personnage n'existe plus, ce qui est autour de lui n'est que couleur terne. La seule note chatoyante vient de deux endroits : le personnage et la lumière du cinéma. Encore une fois, je me répète, c'est simple, direct et élégant.

L'homme qui n'existait pas est un récit magnifique, qui va à l'essentiel. Cyril Bonin maîtrise toute la palette de la simplicité pour un maximum de ressenti. On ressort de cette lecture avec une petite chaleur au coeur du ventre.

http://temps-de-livres.over-blog.com/article-l-homme-qui-n-existait-pas-101262098.html

Blood Song tome 1

La Martinière Jeunesse

Conseillé par
1 mars 2012

Une héroïne attachante malgré des situations incongrues

A Los Angeles, Celia Grave est une garde du corps reconnue. Mais alors qu'elle protège un prince européen, un vampire s'attaque à elle. Désormais, partiellement transformée, elle doit se battre sur plusieurs fronts : retrouver son agresseur, refouler ses nouveaux instincts et empêcher les gens de l'enfermer. De quoi se faire du mauvais sang quand on habite une ville où loups-garous, fantômes et télépathes en tout genres sont monnaies courantes.

Avec Blood Song (premier tome d'une série), vous n'aurez pas le temps de vous ennuyer. Celia Grave cumule les ennuis comme le fer est attiré par l'aimant. A peine le livre est-il ouvert qu'elle découvre une brèche dans la sécurité, elle se fait attaquer, mordre, puis attacher (parce que mordue). S'en suivra divers rebondissements où notre héroïne essayera de ne mordre personne et de rester en vie. L'enquête du début (protéger le prince) passe au second plan et l'on suit avec un certain plaisir les mésaventures de cette "abomination".
Cat Adams est le nom de plume de C. T. Adams et Cathy Clamp. Blood song fut leur premier livre. S'il est plaisant à lire, on sent la première oeuvre et certaines situations ont du mal à passer: le couteau offert par la meilleure amie mais on oublie de parler de la fabrication par le petit ami, une enquête mal résolue sont un exemple des quelques gênes pour ceux qui voudront découvrir ce roman d'urban-fantasy. Heureusement, la maladresse et la nouvelle situation de Celia permettent d'oublier ces désagréments. Si elle est douée dans son travail, elle a des défauts (elle ne vise pas très bien) et ses relations avec les hommes sont quelques peu compliquées. Cela ne l'empêche pas d'être fidèle en amitié de soutenir ses collègues, qu'ils soient policiers ou d'une agence concurrente.
Côté paranormal et créatures fantastiques, les auteurs mettent le bestiaire traditionnel : fantôme, loup-garou, vampire, démon, extra-lucide, télépathe. Est-ce parce qu'elle n'est pas tout à fait transformée, mais Célia luit d'une lueur verte ! Chaque auteur veut mettre son grain de sel dans la mythologie je suppose. Malgré ces créatures inquiétantes, l'horreur n'est jamais là et les adolescents pourront se régaler sans faire de cauchemar.

A mi-chemin entre comédie et polar, ce roman de fantasy vogue sur la mode. Si l'histoire est sympathique, certaines situations sont vraiment trop décalées pour qu'on l'acclame. A noter que chaque tome peut se lire indépendamment de la série et qu'il y a 4 livres en version originale (pour l'instant).

Conseillé par
27 février 2012

Un univers original et magnifiquement maîtrisé

Karou est une jeune fille apparemment comme les autres. Seul signe distinctif, ses cheveux bleus. Elle étudie les beaux-arts à Prague. Dans ses carnets de dessin, des créatures fantastiques sont dessinées : bélier à pattes de lion ou femme-serpent. Des créatures qui existent, puisqu'elles ont élevées Karou. Elles se font appeler chimères. Elles sont chassées par des êtres ailés à la beauté troublante. Des anges ? Akiva en fait partie. Il marque chaque lieu chimérique de sa main. Jusqu'au jour où il rencontre Karou. Qui est-elle ? Que fait-elle avec les chimères ?


Premier tome d'une trilogie, Fille des chimères s'avère un excellent roman. Laini Taylor, dont c'est le premier roman traduit en français, nous offre une intrigue riche. Si la base a été racontée mille fois (un amour impossible-une quête identitaire), l'auteur déroule une histoire où les rebondissements sont inattendus.
Le lieu principal de l'intrigue se trouve être Prague. Une ville chargée d'histoire, d'art aussi. Avec précision, l'auteur nous décrit les endroits visités, en particulier le café Poison. Un lieu où l'ambiance qui règne est contraire au nom et au décor : cercueils, cranes humains, masques à gaz de la première guerre mondiale. On y sert le meilleur goulasch de la ville! C'est là que Karou et sa meilleure (seule ?) amie Zuzana ont établi leur quartier général.
Une bien curieuse fille cette Karou. On la voit de loin avec cette chevelure bleue, mais si on l'interroge, elle répondra avec un sourire, comme s'il s'agissait d'une blague. Serait-ce plus simple ? Comment pourrait-elle raconter qu'elle a été élevée par des chimères, qu'elle leur rapporte des dents et qu'elle parle une vingtaine de langues ? Pour survivre à ce mensonge perpétuel, Karou s'est forgée une carapace. Elle dissimule ses sentiments sous un sourire, mais au fond d'elle-même, elle s'interroge sur sa vraie famille et son identité.
L'autre personnage principal est cet "ange" exterminateur, Akiva. Comme tous ceux de sa race, il est d'une beauté époustouflante. Mais comme eux, il a été élevé pour la guerre. Il ne se pose pas de question. Il exécute des ordres jusqu'à la découverte de Karou. Avec elle, vient les questions. Pour avoir les réponses, il doit penser d'abord et ne plus exécuter. La dernière fois qu'il a fait çà, il a perdu l'amour de sa vie.
L'univers crée par l'auteur est vraiment original. Le bestiaire composé est au premier abord inquiétant (ange exterminateur- bélier à pattes de lion) mais Laini Taylor les rend humains. Chaque action est calculée et trouvera sa réponse plus tard. La maîtrise du roman est parfaite, et d'autant plus délicat que l'on s'éloigne de la sempiternelle ville américaine ou du royaume à conquérir.

A la fois inquiétant et émouvant, Fille des chimères est un roman à découvrir. Son univers est à la fois original et proche. L'auteur revisite avec talent le conte de la petite souris et des dents perdues, mais aussi celui des religions et du mauvais oeil.

http://temps-de-livres.over-blog.com/article-fille-des-chimeres-100234512.html